De la consommation au cerveau : que se passe-t-il vraiment ?
Lorsqu’on consomme une substance psychoactive (alcool, cannabis, cocaïne, tabac…) ou que l’on s’adonne à un comportement potentiellement addictif (jeu, écrans…), une cascade de réactions se déclenche dans le cerveau. Ces réactions impliquent principalement le circuit de la récompense, véritable moteur du plaisir et de la motivation.
Le circuit de la récompense : siège du plaisir, moteur du désir
Le circuit de la récompense est un ensemble de structures cérébrales, dont le noyau accumbens, l’aire tegmentale ventrale et le cortex préfrontal. Ces zones communiquent entre elles à travers des messagers chimiques, les neurotransmetteurs, principalement la dopamine.
- Une expérience plaisante (boire un verre, gagner à un jeu) active ce circuit et entraîne une libération massive de dopamine.
- Le cerveau mémorise alors ce plaisir : il cherchera à le revivre.
- Plus la libération de dopamine est intense, plus le comportement a des chances d’être répété.
Des études d’imagerie cérébrale (IRM fonctionnelle) montrent que même la simple anticipation de la consommation (penser à boire, voir une publicité pour une cigarette) active fortement ces circuits chez les personnes à risque d’addiction (INSERM, 2019).
Du plaisir à la dépendance : le glissement progressif
Avec le temps et la répétition, l’équilibre du circuit de la récompense se dérègle :
- La sensibilité au plaisir diminue : il faut consommer plus pour obtenir le même effet (« tolérance »).
- Les capacités de contrôle du cortex préfrontal (zone liée à la prise de décision et à l’inhibition) s’affaiblissent.
- La sensation de manque, physique et/ou psychologique, s’installe lors de l’arrêt : c’est l’état de dépendance.
D’après l’Observatoire français des drogues et des tendances addictives, plus de 20 % des adultes français présentent une consommation d’alcool à risque et 23 % des 18–75 ans fument quotidiennement (OFDT, 2023). Ces chiffres témoignent de la puissance de ces mécanismes biologiques, bien au-delà des stéréotypes sur le « manque de volonté ».